Victor Démé chante depuis 30 ans, et pendant ces longues années, il lutte
pour se lancer dans le monde de la musique. Il a appris à chanter par sa mère qui, étant griotte, chantait
dans les années 60 aux mariages et baptêmes dans la ville de Bobo-Dioulasso. Son père est
marka,
un sous-groupe ethnique qui est réputé pour le métier de la couture en Afrique de l'ouest. Plusieurs membres
de sa famille travaillent comme tailleur, et Victor se retrouve dans l'atelier de son père à Abidjan.
Les soirs, il chante dans les petits clubs dans la capitale ivoirienne, accompagné par de différents groupes, dont
le plus connu est le
Super Mandé d'
Abdoulaye Diabaté.
En 1988, Victor retourne au Burkina Faso. Il avait juste 26 ans et plein d'énergie et il espérait
bénéficier d'une renaissance culturelle initiée par le président
Thomas Sankara, qui, lui,
était un grand amateur de musique. Sankara avait été assassiné en 1987, mais il
avait laissé plusieurs moyens de promouvoir l'expression culturelle. Victor Démé a pu remporter
des concours, tels qu'un concours de talent au Centre Culturelle Franco-Burkinabe en 1989 à Bobo, et pendant la
Semaine Culturelle Nationale en 1990.
Il avait été invité pour chanter avec les groupes comme
Echo de l'Africa et le
Suprême Comenba.
Mais la vie lui préparait des contretemps et pendant une certaine période Victor a dû s'abstenir
de la musique. Au moment d'un retour escompté sur scène, les choses avaient changé et le
climat artistique avait durci. Pour gagner sa vie, il a dû se replier sur la couture, même si parfois il chantait
dans les bars locaux où on lui demandait de chanter des tubes d'autres artistes tels que
Salif Keita ou
Mory Kanté.
Ce n'est qu'en 2005 les choses évoluent pour Victor. Il rencontre Camille Louvel, le manager de Ouagajungle, un bar
associatif à Ouagadougou, et en 2007, le label Chapa Blues Records a été créé pour promouvoir
la musique de Victor Démé. Dans un studio improvisé dans un deux-pièces séparées par
un pare-brise d'un camion, Victor se met à travailler et il y enregistre des chansons qu'il avait composées
pendant des années. C'est donc ainsi que Victor, la quarantaine, sort son premier album, rempli de mélodies
mandingues, du blues et du folk.